vendredi 4 janvier 2008

PRADO Miguelanxo, Pierre et le Loup

PRADO Miguelanxo, Pierre et le Loup, une adaptation du conte original de Serge Prokofiev [Pedro y el lobo, 1993], Les Albums Duculot, Bruxelles, Casterman, 1995.


Le texte original intégral tel qu'il est lu par Gérard Philippe :

http://blogs.nathan.fr/stagiaires_iufm/files/2007/08/sequence-pierre-et-le-loup.pdf



Une présentationsynthétique de l'album :


http://www.sceneario.com/bd_6216_pierre_et_le_loup.html



Quelques fiches de préraration :
Des ressources pédagogiques:
http://crdp.ac-besancon.fr/fileadmin/CD70/Fichiers_cd70/ressources_pedagogiques/litterature_jeunesse/albums/pierLoup.PDF



Les autres illustrateurs:



2001 : Eric Battut, Didier Jeunesse


2000 : Macelino Truong, Thierry Magnier


1992 : Erna Voigt, Gallimard Jeunesse


1991 : Nathalie Duroussy, Nathan


1990 : Michèle Levieux, Kids Can Press


1982 : Annie Bonhomme, Nathan



D'une manière générale, ce conte développe les idées de l'obéissance/désobéissance, l'insouciance, la peur et la vanité.



La version de Prado est plus explicitement moralisatrice. Quand le grand-père original demande à Pierre:

"Si un loup sortait de la forêt, que ferais-tu ?"



celui de Prado va dans le détail:

"Crois-tu que le loup gigantesque qui hante cette forêt se souciera de savoir si tu t'es avancé de quelques mètres ou très profondément à l'intérieur?"



Dans la version de Prokofiev, le loup est capturé et montré en "triomphe"; dans celle de Prado, il est tué avant l'exhibition. Prado développe explicitement les conséquences du choix de Pierre de capturer le loup: les chasseurs le tuent, Pierre est triste, ressent l'empathie de son grand-père, mais cède à la vanité face aux louanges des autres. Alors que le grand-père de la version Prokofiev demande:

" Ouais ! Et si Pierre n’avait pas attrapé le loup, que serait-il arrivé ? "



Prado entraîne son lecteur dans la lecture d'images, l'interprétation des regards et les sentiments indirects:

"Pierre comprit que son grand-père partageait toute la douleur qu'il éprouvait lui-même à cet instant précis".



Les conséquences des actes de Pierre sont irréversibles dans la version de Prado. Cela apparaît dès l'emploi du futur simple là où Prokofiev a préféré le conditionnel. D'autre part, Prado aggrave la vanité originelle de Pierre en la maintenant dans sa version malgré l'élément dramatique que constitue la mort du loup.



Bettelheim ne serait-il pas pour le moins dubitatif quant à la valeur psychanalytique de cette version?



Bonus
http://catice.ac-besancon.fr/litterature70/documents/2003_2004/pierre_et_loup_sitapp.doc
http://artic.ac-besancon.fr/litterature70/documents/2002_2003/pierre_et_loup_s.doc

1 commentaire:

J. Cornou a dit…

Pour une exploitation en classe:
- j'accentuerais la notion de point de vue en réalisant un schéma/plan du clos masure, voire une maquette (du genre: le plan au milieu, et autour, sur des rabats qu'on peut relever, les différentes vues proposées par Prado agencées conformément à la description)
- je ferais étudier l'évolution du personnage principal en relevant les éléments le concernant (+débat) et je les placerais en parallèle/oppposition avec le personnage original analysé de la même façon (+débat)
- j'essaierais de mettre en évidence l'effet produit par les zoom, plongées et contre-plongées... pour les appliquer à un autre album qui ne serait pas une BD (par exemple voir si /Laurent tout seul/ pourrait être transformé en BD grâce à ces procédés ou au moins des séquences)>>> en arts plastiques ça fait dessiner autour quand tu veux élargir le plan, ou en TICE agrandir un scann quand tu veux zoomer... je pense que par séquences ça pourrait être bien parce que plongées/contre plongées ce sera dur à moins que le fait de photographier la page suffise à produire l'effet....

ce que j'ai noté à savoir pour un pédagogue:
Prokofiev a respecté l'idée que l'enfant agit quand il ressent des choses mais n'est pas toujours en mesure de verbaliser ou d'analyser ses sentiments (Bettelheim), c'est pour ça que dans les contes, on ne parle pas explicitement des ressentis mais les personnages agissent en fonction de ceux-là. La vanité de Pierre commence quand il décide de capturer le loup et donc de modifier l'ordre établi. Ce qui le pousse à faire blablabla (=conte).
Par contre, Prado cherche à expliciter les sentiments et à moraliser l'histoire (dès la question du gd-père "crois-tu que le loup se souciera...?") et en la rendant encore plus noire qu'elle ne l'était au départ: quand Prokofiev n'autorise que la capture du loup, Prado autorise sa mort et maintient ensuite la vanité de Pierre. Dans la version de Prado, Pierre se retrouve à la tête des chasseurs (instincts primitifs, "ça" psychanalytique) à la page 22. Cela indique qu'il a cédé à ses instincts primitifs et le fait que la version de Prado se termine sur ça dans les trois denrières vignettes et pas sur

"et maintenant, imaginez la marche la marche triomphale : Pierre
est en tête ; derrière lui, les chasseurs traînaient le loup,
et, fermant la marche le Grand-père et le chat. Le grand-père,
mécontent, hochait la tête en disant :
" Ouais ! *Et si Pierre n’avait pas attrapé le loup, que
serait-il arrivé ?* "
Au-dessus d’eux, *l’oiseau* voltigeaient en gazouillant :
" Comme nous sommes braves, Pierre et moi. Regardez ce que nous
avons attrapé. "

où le gd-père par sa question souligne que la situation n'est pas irréversible et demande au lecteur d'envisager une autre hypothèse de départ. Et c'est l'oiseau qui se vante pour Pierre.

Pour résumer, je trouve qu'on peut moins s'identifier au Pierre de Prado qui est condamnable qu'à celui de Prokofiev dont on peut débattre et tirer leçon.
Bettelheim pensait que les nouvelles versions des contes étaient des histoires qui perdaient de leur efficacité "curative" parce qu'on éludait ou explicitait le cheminement psychologique des personnages. Je trouve que c'est le cas ici, même si ça reste un très bel album. Pour moi, cette version est moralisatrice, plus proche de la fable que du conte.
Du coup, le débat sera plus riche et ouvert à partir de la version Prokofiev et plus dirigé à partir de la version Prado.